Fiscalité du dirigeant : arbitrer entre rémunération, dividendes et management fees
Rémunération, dividendes, management fees : découvrez comment optimiser la fiscalité du dirigeant de PME tout en sécurisant vos revenus. Analyse et conseils par Legal Growth.
OPTIMISATION FISCALEDROIT FISCAL
Pour un dirigeant de PME, la fiscalité n’est pas qu’une question de conformité — c’est une question de stratégie.
Bien arbitrer entre salaire, dividendes et management fees permet non seulement d’optimiser la charge fiscale, mais aussi d’assurer la cohérence juridique et patrimoniale de l’ensemble.
Cet arbitrage, souvent mal compris, repose sur des règles précises du Code général des impôts et de la sécurité sociale. Il doit être pensé globalement : quelle rémunération pour quelle structure, à quel moment, et avec quels effets ?
1. Pourquoi l’arbitrage fiscal du dirigeant est-il stratégique ?
Dans les PME, la rémunération du dirigeant influence directement :
la trésorerie et le résultat net de l’entreprise,
les cotisations sociales,
la fiscalité personnelle du dirigeant,
et même la capacité de financement et de distribution future.
L’enjeu n’est donc pas seulement de “payer moins d’impôts”, mais d’assurer une cohérence entre les flux économiques et fiscaux.
Une mauvaise répartition entre salaires, dividendes et management fees peut entraîner :
une surimposition,
une double cotisation (URSSAF + PFU),
ou, pire, une requalification par l’administration fiscale.
2. La rémunération classique : la sécurité sociale au prix fort
La rémunération du dirigeant (salaires, avantages en nature, indemnités, etc.) constitue la forme la plus “classique” et la plus encadrée.
Elle est déductible du résultat imposable de la société, sous réserve qu’elle soit justifiée et proportionnée (CGI, art. 62).
Avantages :
couverture sociale complète pour les dirigeants assimilés salariés (SAS, SA) ;
stabilité du cadre juridique et fiscal ;
possibilité de déduire les frais professionnels.
Inconvénients :
taux de cotisations sociales élevés (45 à 55 % selon le statut) ;
imposition à l’impôt sur le revenu (barème progressif, pouvant atteindre 45 %).
En d’autres termes, la rémunération “classique” assure une protection, mais pèse lourdement sur la trésorerie.
3. Les dividendes : flexibilité et rendement, mais sous conditions
Les dividendes constituent un levier intéressant pour les dirigeants actionnaires, notamment en SAS, où ils ne sont pas soumis aux cotisations sociales.
Avantages :
fiscalité allégée avec le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % (12,8 % IR + 17,2 % prélèvements sociaux) ;
aucune cotisation sociale pour les dirigeants de SAS/SA ;
distribution possible selon la trésorerie et les bénéfices réalisés.
Inconvénients :
non déductibles du résultat imposable ;
en SARL, les dividendes au-delà de 10 % du capital + primes d’émission + comptes courants sont soumis aux cotisations sociales du gérant majoritaire ;
formalisme strict de distribution (assemblée, PV, dépôt).
Risques :
requalification en rémunération déguisée si les dividendes compensent une activité non rémunérée ;
distribution occulte en cas de versements non autorisés.
4. Les management fees : outil puissant ou zone grise ?
Les management fees (honoraires de gestion ou de direction facturés via une société détenue par le dirigeant) permettent de distinguer les revenus de direction de l’activité d’exploitation.
Avantages :
souplesse de facturation et optimisation de la trésorerie ;
possibilité de regrouper les fonctions de direction dans une structure dédiée ;
déductibilité des frais de fonctionnement au niveau de la société de management.
Inconvénients :
risque de requalification en salaires si un lien de subordination est établi ;
nécessité de démontrer la réalité et l’intérêt économique des prestations pour éviter l’acte anormal de gestion.
Les management fees sont imposés à l’IS au niveau de la société de management, puis soumis à imposition personnelle selon le mode de sortie (salaires, dividendes…).
5. Autres formes de rémunération : les compléments intelligents
a) Avantages en nature
Un logement, une voiture de fonction ou un ordinateur mis à disposition peuvent constituer une part optimisée de la rémunération, à condition d’être correctement évalués (barèmes URSSAF).
Exemple : un véhicule de 40 000 € en LLD peut générer un avantage imposable d’environ 4 000 €, mais déductible pour la société.
b) Plans d’épargne (PEE, PEA)
Les plans d’épargne en entreprise ou en actions permettent d’investir dans sa propre société, avec exonération des gains après 5 ans.
Très utile pour les dirigeants souhaitant allier optimisation fiscale et stratégie patrimoniale.
c) Management packages
BSPCE, stock-options, actions gratuites : ces outils alignent la performance du dirigeant avec la valeur de l’entreprise, mais exigent une documentation rigoureuse pour éviter toute requalification en salaires.
6. Cas pratique : arbitrage fiscal dans une PME de 20 salariés
Prenons une PME industrielle (SAS) située à Lille, réalisant 2 M€ de chiffre d’affaires, dirigée par un président unique détenant 100 % du capital.
Hypothèse A — Rémunération uniquement salariale (120 000 €) :
Cotisations sociales : env. 60 000 €
Impôt sur le revenu : env. 25 000 €
Coût global pour l’entreprise avant IS : 180 000 €
Revenu net après impôts : 95 000 €
Hypothèse B — Mix salaire (60 000 €) + dividendes (60 000 €)
Cotisations sociales : 30 000 €
PFU 30 % sur dividendes : 18 000 €
Coût global pour la société avant IS : 150 000 €
Revenu net après impôts : 102 000 €
En l'espèce, le mix salaire + dividendes réduit la charge fiscale globale de 16,6 % tout en maintenant la protection sociale du dirigeant. Un arbitrage encore plus optimisé est possible en intégrant une société de management pour certaines fonctions de conseil ou de gestion. Attention, les dividendes ne sont pas déductible du résultat pour le calcul de l'IS, le mode de rémunération devra donc être également adapté en fonction de la stratégie de l'entreprise.
7. Les pièges à éviter
Rémunération excessive ou non justifiée : susceptible d’être requalifiée en distribution occulte.
Absence de documentation sur les prestations de management : non-déductibilité en cas de contrôle.
Oubli de l’alignement économique : un schéma purement fiscal sans justification économique est sanctionné (abus de droit).
Double imposition : les flux entre sociétés doivent être cohérents (prix de transfert, conventions de management).
8. Construire une stratégie cohérente et durable
Une optimisation de la rémunération du dirigeant doit reposer sur quatre piliers :
Cohérence juridique (contrats, statuts, décisions d’AG) ;
Réalité économique (justification des flux) ;
Documentation (factures, conventions, procès-verbaux) ;
Anticipation fiscale (simulation, rescrit, audit).
Cette approche permet d’éviter les requalifications tout en sécurisant les revenus du dirigeant, qu’ils proviennent de salaires, de dividendes ou de management fees.
9. En conclusion : l’arbitrage fiscal du dirigeant, un levier de performance
Le bon équilibre entre rémunération, dividendes et management fees ne relève pas du hasard : il se construit.
Une stratégie fiscale du dirigeant de PME bien pensée permet :
d’optimiser la trésorerie,
de réduire la pression fiscale,
et de sécuriser la gouvernance et le patrimoine du dirigeant.
Chez Legal Growth, j’accompagne les dirigeants de PME dans la mise en place de stratégies fiscales et juridiques personnalisées, intégrant leurs objectifs économiques et patrimoniaux.
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